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Mon discours de fin d’année au Parlement

Il y a cinq mois, avant que le Parlement ne prenne ses quartiers d’été, nous entretenions secrètement l’espoir que le gros de la crise due à la Covid-19 serait derrière nous, même si nous savions aussi qu’une deuxième vague était possible sinon probable.

Nous savons aujourd’hui ce qu’il en a été. 2020 dans son ensemble aura été une année noire, marquée, pour la seule Belgique, par des milliers de morts, par des centaines de milliers de contamination, par des services hospitaliers au bord de la saturation et par des travailleurs, de la santé principalement mais pas que, bousculés, épuisés, meurtris par le coronavirus.

Pour chacun d’entre nous, cette année aura été fortement marquée par la Covid. Que l’on ait été atteint soi-même ou pas, nous avons chacune et chacun connu un proche, parent, ami, collègue, qui a été contaminé. Nous avons aussi vu nos conditions de vie quotidienne chamboulées : limitation de nos déplacements, de nos contacts sociaux, des petites ou grandes habitudes qui marquent notre chemin. En 2020, le petit poucet a dû, souvent, traverser la forêt sans les repères de cailloux blancs.

Le travail de notre assemblée a été quelque peu chahuté mais, grâce à l’implication de tous et je tiens ici à saluer, une nouvelle fois, la conscience professionnelle et la disponibilité du personnel du greffe et de l’ensemble de nos collaborateurs, notre Parlement n’a pas failli à ses missions et a continué à assurer et assumer ses prérogatives démocratiques.

Personne n’a été à l’abri de ces bouleversements, encadrés, ne l’oublions pas, par des restrictions de nos libertés qu’il faudra veiller à reconquérir aussi tôt que possible. Mais ces bouleversements ont eu des conséquences plus lourdes chez certains que chez d’autres.

Outre celles et ceux qui ont été touchés dans leur chair, je pense évidemment aux travailleurs qui ont dû cesser ou réduire leurs activités professionnelles et qui ont été plongés, par ce fait, dans les affres des difficultés financières.

Nombre de commerçants et d’indépendants sont dans ce cas. Des dispositifs ont été pris pour les sauver du marasme. Mais le naufrage en cours n’est pas que financier. Il est aussi psychologique et pour l’ensemble de la population, jeunes en tête, cette période aura aussi des répercussions dommageables.

Enfin, comme si l’injustice était une fatalité – ce que je me refuse à croire-, ce sont les plus fragiles d’avant la crise, les plus précaires, qui ont été, une fois encore, les plus touchés.

L’organisation de la cité, de notre cité, a montré une nouvelle fois, ses failles et ses manquements pour permettre à toutes et tous de vivre dignement, sans devoir, par exemple, faire la quête à la soupe populaire.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette crise. Si elle a montré et démontré, si besoin en était, la nécessité de davantage de solidarité, elle a aussi vu le regain de l’individualisme et, partant, les ravages de celui-ci : je respecte les règles tant qu’elles me conviennent, je décide et j’agis en fonction de mes seuls intérêts.

Or il ne faut pas se tromper ni tromper : l’individualisme est aussi un facteur de restriction de liberté collective.

En se centrant sur soi-même, on en vient à accepter sinon à provoquer, sciemment ou pas, que notre propre action entrave celle des autres. Et au bout du compte, c’est la liberté de chacun, ce sont les libertés publiques qui trinquent.

Dans ce contexte, nous avons plus que jamais besoin de souffle collectif qui nous est apporté parfois par le monde associatif – mais les lobbies sont aussi des associations…- et par ce qu’on appelle les corps intermédiaires, organisations syndicales et mutuellistes en tête.

Celles-ci, si elles sont décriées systématiquement pas certains, sont à mon estime plus nécessaires que jamais. Elles sont un rouage essentiel de l’organisation collective de la société, tout comme, il n’est jamais inutile de le rappeler, les institutions démocratiques qui traduisent et incarnent le vote des citoyens.

Alors que nous continuons de travailler sur la revitalisation de nos pratiques démocratiques, en donnant aux citoyens de nouvelles possibilités d’action – consultations populaires, commissions délibératives -, il n’est pas vain de rappeler l’importance des parlements démocratiquement élus dans l’organisation de la cité et de ne pas laisser libre cours aux chimères qui voudraient ringardiser les principes de gouvernement représentatif et celles et ceux qui les portent. Mais le système représentatif a évidemment une obligation de résultats vis-à-vis de ses mandants.

Ces derniers temps, que n’a-t-on entendu, de la part de commentateurs et commentatrices forcément avisés, que le fédéralisme était la cause de tous les maux qui se sont abattus sur nous et des manquements que nous avons eu à déplorer.

Et c’est vrai que manquements et errements il y a eu. Comme il y en a eu partout, dans d’autres pays aussi décentralisés que la France ou les Pays-Bas…

 

Cher(e)s Collègues,

Je vous étonnerai peut-être en disant que cette année 2020 a aussi été porteuse d’espoir.

Au cours des derniers mois, nous avons pu constater la réactivité et la créativité de nombre d’entreprises wallonnes pour apporter leur contribution à la lutte contre le coronavirus.

Plus largement, des scientifiques du monde entier ont réagi avec une rapidité et une efficacité magistrales au défi de la vaccination. Le vaccin, qui ne sera administré que dans le respect strict de toutes les normes de sécurité, aura un rôle essentiel pour recouvrer une vie faite aussi de joie de vivre et de liberté.

Ce succès de la science montre que si l’homme est parfois capable du pire, il peut aussi être capable du meilleur.

Ce que vient encore de démontrer le professeur Cédric Blanpain, avec l’identification d’un gène mutant responsable du développement de nombre de cancers par une production massive de métastases.

Ce travail couronné par le prix Francqui confirme par ailleurs la pertinence de Welbio, lancé en 2008, pour soutenir la recherche fondamentale d’excellence dans les domaines des sciences du vivant et promouvoir la valorisation des résultats scientifiques en applications biotechnologiques, médicales, pharmaceutiques et vétérinaires, Cédric Blanpain en étant un des principaux investigateurs.

La réaction européenne est une autre source d’espoir. Le plan de relance est la grande décision commune que l’on attendait depuis longtemps.

Tout ne fut pas simple mais le résultat est là et il a l’ambition que tous les Européens convaincus attendent de l’Union européenne. Puisse le plan de relance économique signifier aussi la relance tout court du moteur européen et faire vraiment de notre continent un modèle de prospérité, écoresponsable et solidaire.

La période étrange et anxiogène dans laquelle nous vivons nous montre plus que jamais que nous ne sommes pas seuls sur une île, mais que nous vivons en collectivité, une collectivité désormais mondiale. Et que la seule manière de vivre harmonieusement en collectivité, c’est de le faire solidairement.

Quand on a traversé une épreuve et qu’on a la chance d’en sortir, il y a – au moins – deux manières de réagir : s’en remettre à la fatalité ou puiser dans l’épreuve surmontée une énergie renouvelée pour aborder l’avenir et les défis futurs avec une détermination décuplée. Ce qu’on pourrait appeler croquer l’avenir à pleines dents et c’est ce que je souhaite à chacune et chacun d’entre vous, à chaque Wallonne et chaque Wallon et à notre Wallonie.

Bonne fin d’année 2020 et que 2021 soit pleine de projets, de sérénité et de créativité.

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