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La Wallonie par choix, pas par défaut

« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

Polissez-le sans cesse, et le repolissez,

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez ».

On connaît tout ou partie de cette exhortation de Boileau à la persévérance. Et on pourrait la reprendre, sans réserve, pour éclairer le chemin vers un fédéralisme au bénéfice de la population, et notamment au bénéfice de la population de Wallonie.

Et si le temps était venu de se hâter vraiment, de faire preuve de courage et de remettre l’ouvrage sur le métier avec l’ambition de dégager, rapidement,  des solutions bénéfiques à l’intérêt collectif ?

Les événements se succèdent en cette fin de session parlementaire mais l’urgence, l’actualité, le sens du vent ne privilégient pas forcément la réflexion et la vision à long terme.

D’un côté, une commission mixte Chambre-Sénat, entend évaluer les six réformes de l’État que la Belgique a connues depuis 1970. But proclamé : « étudier les possibilités de rendre la répartition des compétences, le fonctionnement des institutions et la coopération entre les différentes entités de l’État plus efficaces ». Préoccupation légitime, inaltérable et intemporelle, certes.

D’un autre, le constat, comme s’il s’agissait d’une fatalité (… et d’une nouveauté), de l’impasse budgétaire dans laquelle s’enfonce la Communauté française, dite aujourd’hui Fédération Wallonie-Bruxelles. La Communauté française, ce n’est pas un scoop, est mal née en 1988, avec notamment un système de financement bancal, par procuration, ne disposant d’aucune capacité fiscale propre. La réponse apportée par certains à cette équation sans inconnue : assurer un financement complémentaire à la Fédération Wallonie-Bruxelles et continuer comme si de rien n’était.

Surtout ne pas se poser la question de l’efficacité, de l’efficience des institutions intra-francophones, ce que n’abordera pas, logiquement, la commission fédérale (on voit mal, en effet, des sénateurs et des députés flamands en débattre, quoique. Dans ce pays, tout est possible).

Or c’est là l’enjeu essentiel aujourd’hui. Et, rappelons-le, point besoin d’une nouvelle réforme de l’État, et donc de négociations entre communautés, pour ce faire.

Je l’ai dit à moult reprises et je n’ai pas changé d’avis là-dessus. Un territoire et la collectivité qui y vit ne peuvent s’épanouir sans la gestion de compétences aussi vitales que l’enseignement et la culture. Ce n’est évidemment pas par défaut que s’impose cette vision d’avenir mais par choix. Et un choix qui n’a rien de folklorique ni de romantique mais qui est le choix de la raison et de la responsabilité.

Surtout, qu’on ne vienne pas ressortir le refrain du repli sur soi ou autre procès de ce type : toute institution, quelle qu’elle soit, se déploie sur un territoire déterminé. Et prendre son avenir en mains peut tout aussi bien s’accomplir en s’ouvrant au monde qu’en se refermant sur soi-même.

Plus personne, ou presque, même chez celles et ceux qui imaginent réfédéraliser certaines compétences, ne remet en cause la gestion régionale de l’aménagement du territoire. Car cela a une influence directe sur la qualité de vie de ses habitants. Mais déterminer, par exemple, quel type de motorisation on interdit à telle date, est-ce plus important qu’avoir la possibilité de développer des actions culturelles pour que l’ensemble de la population ait accès au savoir, à l’épanouissement, une fois encore en totale ouverture sur le monde mais aussi en pleine autonomie ? Ou qu’organiser l’enseignement de ses enfants ? Un seul exemple : le plan de relance wallon prévoit, à raison, de favoriser l’apprentissage en alternance afin de permettre à toutes et tous d’accéder à l’emploi, alors qu’à Bruxelles, poursuivant le même but, la volonté est de promouvoir voire de systématiser l’enseignement bilingue.

Le statu quo est en réalité une fuite en avant. Et la logique première qui doit nous guider est celle des compétences et non celle, pour réelle et prégnante qu’elle soit, des contingences budgétaires.

En fin d’année sera célébré le 50e anniversaire de la Communauté française (la première réunion du Conseil culturel de la Communauté française s’est tenue le 7 décembre 1971). Sans mettre en cause les liens que Wallons et Bruxellois entretiennent mais sans tabous ni œillères, n’est-il pas temps de construire enfin un fédéralisme adulte et respectueux de chacun tant au niveau de l’État belge que dans les rapports intra-francophones ?

C’est en tout cas ma conviction profonde parce que je suis persuadé qu’il y va de l’avenir de la Wallonie, des Wallonnes et des Wallons.

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