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Modération des commentaires sur les sites d’information francophones

Ce mercredi 16 novembre, j’étais interrogé en Commission de l’Enseignement supérieur et des Médias sur la modération des forums de discussion sur les sites d’information francophones. En octobre dernier, nous annoncions en effet avec l’association des éditeurs de presse écrite francophone belge, lapresse.be, la mise en place d’une plate-forme permettant la modération des commentaires sur les articles de presse en ligne et sur les pages Facebook de la presse écrite belge francophone.

Retrouvez ci-dessous ma réponse à cette interpellation.

Tout comme vous, je me réjouis de la mise en place de cette solution, nécessaire afin de garantir la modération sur les sites d’information dans un contexte de transition numérique et de journalisme participatif.

Cette mise en place est le fruit d’une étroite collaboration entre les principaux opérateurs. Il s’agit d’un travail considérable, compte tenu des aspects organisationnels et techniques liés à l’intégration de ce système en interne. Les enjeux sont multiples: il s’agit de détecter rapidement les propos illégaux qui relèvent du racisme, de l’antisémitisme, de l’incitation à la haine ou à la violence, de l’apologie du terrorisme, de la diffamation ou de la pédopornographie.

Il s’agit également de filtrer les contenus comme les spams et d’autres escroqueries en ligne, d’améliorer la qualité des espaces conversationnels en ligne, de favoriser les débats d’idées et d’éliminer les attaques personnelles entre internautes qui font dériver les échanges et, enfin, de protéger la vie privée des internautes contre la divulgation à des fins malveillantes d’informations personnelles telles que l’identité réelle, les coordonnées postales ou téléphoniques.

Je n’ai pas participé aux négociations sur le choix de la société, et je n’ai pas pris part à la mise en œuvre des modalités pratiques du système.

Par contre, c’est bien à ma demande que la réflexion et que la négociation ont été entamées. Je souhaitais en effet qu’un projet commun de modération des forums soit mis en place.

Les questions examinées dans ce cadre portaient sur l’optimisation et l’utilisation concertée de la modération des espaces de discussion.

Il existait un risque réel de nivellement vers le bas de la qualité de l’information. Force est de constater que la modération des commentaires sur les sites de presse en ligne et sur les réseaux sociaux est un phénomène de masse quasiment incontrôlable et difficilement gérable dans la pratique, faute de moyens techniques, de ressources humaines et de budget.

Le sujet est sensible, compte tenu des enjeux juridiques en cause, parmi lesquels figure le respect de la liberté d’expression et d’information sur internet. Mon cabinet a reçu l’ensemble des acteurs du secteur, y compris ceux ayant les profils techniques compétents, afin de comprendre les enjeux et de réfléchir à des pistes de solution. C’est suite à ces rencontres que les éditeurs de presse francophones se sont accordés sur une solution innovante. Nous avons été en contact permanent avec lapresse.be afin de suivre l’évolution du dossier.

Comme annoncé dans la presse, le système a été adopté par toute la presse écrite quotidienne belge francophone: 12 sites et 32 pages Facebook font partie de son périmètre opérationnel à savoir, pour Le Soir trois sites et onze pages Facebook, pour L’Avenir un site et sept pages Facebook, pour La Libre et La Dernière Heure un site et une page Facebook chacun, pour Sud Presse six sites et douze pages Facebook. D’après les informations dont je dispose, le coût est de cent mille euros par an.

Comme vous le savez, un arsenal juridique existe en Belgique pour lutter contre le racisme et les discriminations comme la loi du 30 juillet 1981 contre le racisme et la xénophobie ou les lois du 10 mai 2007 tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes et celle tendant à lutter contre certaines formes de discriminations. Elles comportent un volet civil et pénal. Au niveau pénal, l’incitation à la diffusion d’idées s’appuyant sur la supériorité des races constitue une circonstance aggravante.

Cet arsenal juridique a été renforcé par les communautés et les régions pour les matières traitées par ces niveaux de pouvoir. La Fédération Wallonie-Bruxelles a ainsi adopté le 12 décembre 2008 un décret relatif à la lutte contre certaines formes de discriminations. Le système étant lancé depuis quelques mois à peine, vous conviendrez qu’il est encore trop tôt pour en tirer des statistiques sérieuses.

Je vous précise qu’à ma demande, une réflexion est en cours avec les éditeurs au sujet des commentaires anonymes. Cette anonymisation est un enjeu central de la modération. Comme précisé lors de la conférence de presse, force est de constater que l’identification des commentaires, même si elle ne constitue pas la règle, est fréquente. Malheureusement, elle n’enlève en rien la virulence de certains propos. Nous sommes par ailleurs en contact à ce sujet avec la RTBF qui est actuellement en négociation avec ce modérateur.

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