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Un point sur la situation d’Ethias

Ce mardi 4 octobre 2016, en commission de l’Economie et de l’Innovation du Parlement de Wallonie, je répondais à plusieurs questions autour de la situation d’Ethias. Voici le compte rendu précis de mon intervention orale à ce sujet :

Madame et Messieurs les députés, au 30 juin 2016, sur base des chiffres définitifs, Ethias fait l’objet d’un ratio de solvabilité de 125 %. Comme cela été dit par M. Jeholet, il faut dépasser la barre des 100 % pour être conforme.

Le taux de rentabilité d’Ethias est de 12 % sur les fonds propres. Je pense que beaucoup d’entreprises souhaiteraient atteindre ce chiffre.

En outre, le conseil d’administration a indiqué que le seul scénario sur lequel il travaillait est le stand alone.

On peut, sur base de cela, marquer un certain étonnement sur deux choses : l’agitation autour de l’entreprise et le rôle du régulateur.

 

Pourquoi ? Parce que le régulateur a sollicité des chiffres non définitifs pour constater que, non pas Ethias, mais Vitrufin tombait en dessous des 100 %. On peut, d’ailleurs, se demander pourquoi on accepte de donner des chiffres non définitifs et pourquoi on travaille sur des chiffres non définitifs, mais cela est encore autre chose.

Indépendamment de cela, il y a eu l’exigence du régulateur d’obtenir un plan de redressement financier. Ce plan est en cours d’examen. Il n’y a pas de plan définitif qui a été transmis. Il y a eu une réunion hier. Mme Simonet, qui est bien informée par des insiders, a eu cette information. Nous attendons, nous, de voir quel sera le document définitif qui pourra être transmis. Un projet de plan a été présenté à la Banque nationale et prévoit d’arriver à 150 % en 2017. Je rappelle que la norme est de 100 %.

Pour une société qui est qualifiée de « en difficulté », cela paraît tout de même étonnant.

Il y a deux problèmes chez Ethias.

On évoquera l’erreur stratégique d’avoir pris une participation à ce point importante dans Dexia, qui fait que quand Dexia est tombée, il y a une perte de substance significative. Cela, il faudra le demander à l’ancienne direction, même pas à M. Thiry.

Depuis 2008, Ethias a fait deux grands plans de redressement. Il faut saluer le personnel, parce que c’est lui le premier qui a été victime de ces plans. Mme Simonet a raison de dire que le plan avait deux objectifs : s’inscrire dans l’évolution, avec, évidemment, chez Ethias, une particularité : c’est une compagnie d’assurances sans agence n’ayant pas de canaux de distribution, si ce n’est directement. Cela constituait sa spécificité. Elle est beaucoup plus adaptée au modèle numérique que bien d’autres.

Je suis totalement persuadé qu’une fusion avec un autre assureur serait un bain de sang social. Il n’y a pas moyen de le comprendre autrement. Vous mettez deux personnes qui font le même métier à l’heure du numérique, il y en a une des deux qui saute, au minimum. C’est donc pour moi une hérésie sociale que de vouloir marier deux assureurs, si ce n’est dans un but exclusivement de profits et de rentabilité. En termes de défense de l’intérêt social de l’entreprise et de l’intérêt des travailleurs, je pense que cela ne peut pas être option retenue.

La Région wallonne n’a été sollicitée pour aucune participation complémentaire, mais nous sommes, évidemment, prêts, dans l’intérêt de l’entreprise, à examiner ce qu’il serait utile de faire. Nous n’avons pas fait l’objet de sollicitations.

J’ai eu, après le départ de M. Thiry – j’avoue qu’une entreprise de cette taille qui se sépare, dans des conditions pareilles, de son animateur relève de l’étonnement chez nous. Je ne souhaite pas m’étendre au-delà sur les raisons, mais il y a une part d’étonnement.

Nous n’avons, à aucun moment, été avertis d’un malaise – je vais le dire comme cela – entre certains membres du comité de direction et le président de ce comité.

Le deuxième problème – et vous l’avez évoqué – c’est le compte First. Aujourd’hui, il y a effectivement des propositions. Comme vous le savez, il y a eu des améliorations de l’impact du compte First sur les comptes d’Ethias notamment par des primes au départ ; cela a bien fonctionné. Il en reste encore aujourd’hui. Des propositions dans le plan de rétablissement financier font qu’il pourrait y avoir une véritable amélioration.

Ethias, c’est 200 millions d’euros de bénéfice par an. C’est le plus gros employeur du service financier de Wallonie. Je pense que pour nous tous, Wallons, mais Flamands – parce que c’est un grand assureur pour la Flandre – ou Bruxellois, devons tout faire pour préserver l’intérêt de cette entreprise. C’est en tout cas l’objectif que j’ai et j’espère que les actuels gestionnaires de l’entreprise feront tout ce qui est nécessaire pour convaincre le régulateur de la pertinence de ce stand alone.

NRB est une question aussi très importante. C’est le plus grand fournisseur informatique de Wallonie. C’est 2 000 personnes pour l’ensemble du groupe depuis le rachat de Trasys récemment, qui se trouve en région bruxelloise.

La question qui se pose est différente. D’abord c’est une très belle entreprise, mais qui doit absolument aujourd’hui devenir une entreprise intégrée. Pour moi, l’on a Expertis, Trasys et d’autres entreprises qui forment un groupe, mais pas encore assez une entreprise intégrée.

C’est le rôle du nouveau CIO, qui est entré il y a quelques semaines en activité, de faire de ce conglomérat – excusez-moi du terme, mais je pense qu’il est adéquat dans le cas d’espèce – une véritable entreprise intégrée.

La question légitime est de dire qu’Ethias a 67 % ou 68 % de cette entreprise. Est-ce bien le rôle d’une entreprise de services financiers de détenir une entreprise de service informatique à ce niveau, d’autant qu’Ethias a fait le choix d’acquérir des logiciels informatiques qui n’étaient pas la propriété de NRB. C’est le choix, c’est la règle, mais cette question est ouverte.

Aujourd’hui, le Conseil d’administration d’Ethias a indiqué qu’il n’était pas dans l’état vendeur de tout ou partie de sa participation.

Néanmoins, je partage votre opinion de dire que ce n’est pas parce qu’Ethias n’est pas, aujourd’hui, vendeur qu’il ne le sera pas en tout ou en partie. Notre rôle – et vous avez fait état de la conjoncture et des annonces tragiques qui ont été faites récemment – doit nous conduire à avoir une stratégie à l’égard de l’ancrage en Wallonie de ce groupe de services informatiques extrêmement pertinents qui s’est développé, historiquement, sur une intercommunale qui s’appelait l’intercommunale de mécanographie. D’où le fait que l’on retrouve encore aujourd’hui la CILE, la SWDE, l’ex-ALE – qui a bien changé depuis – et d’autres comme Brutele, Sibelga, ce qui montre bien l’ancrage lié aux services informatiques. Il faut saluer ceux qui ont eu la vision de lancer cette entreprise au moment où ils l’on fait pour s’inscrire dans l’évolution numérique.

Ces deux problèmes ne sont pas du tout les mêmes. Il y a un problème dans les services informatiques également. Le business model a été modifié chez NRB suite à la décision d’Ethias de se désengager comme client. Je pense qu’il y a une réflexion. Là aussi, nous entendons indiquer que nous sommes disponibles avec nos outils financiers, mais aussi avec d’autres acteurs pour consolider l’ancrage en Wallonie.

Ces deux entreprises sont pertinentes et bénéficiaires. On pourrait donc se demander pourquoi autant de tumulte autour d’elles. Nous faisons, au niveau de mon cabinet, l’objet de sollicitations du monde entier pour nous dire qu’ils sont intéressés de racheter Ethias. C’est dire à quel point cette entreprise a une vraie valeur.

Je pense que pour tous les travailleurs, c’est de se dire qu’ils sont un enjeu et donc je compte aussi sur toutes les institutions. Nous avons des contacts tant avec le Gouvernement fédéral qu’avec le Gouvernement flamand et Droits communs – puisque ce sont les trois actionnaires qui nous accompagnent – pour voir la situation et nous aurons, je suppose, dans les semaines à venir, des contacts avec l’entreprise pour savoir comment son plan de redressement financier évolue et s’il faut ou non imaginer d’autres perspectives. J’ose croire que ce plan aboutira et sera agréé par le régulateur.

 

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